Casserns Sins, là ou la rouille s’installe, la jalousie du meilleur prône.

Article initialement publié le 14 Octobre 2015

Casshern Sins est un animé du studio Madhouse produit en 2008 en 24 épisodes diffusé récemment sur Nolife et faisant suite à une série diffusé en 1973, Shinzō Ningen Casshern,  4 oavs en 1994 et plus récemment en 2004 un film live intitulé tout simplement Casshern.

La franchise Casshern ne conserve que peu de choses entre ses opus. La série de 2008 n’a donc pratiquement aucun rapport avec les précédents opus et ce serait même tenter un suicide mental que d’essayer de faire un quelconque rapprochement entre eux.

Shinzo Ningen Casshern suivait l’histoire d’un fils transformé en android par son père scientifique pour battre Braiking Boss, un robot corrompu qui cherchait à mettre l’humanité à ses pieds. Pour Casshern Sins les choses sont un tout petit peu différentes :

Dans un monde ou les robots ont pris le dessus sur l’humanité, la rouille s’installe et force ces premiers à craindre pour leur fin, eux qui étaient promis à l’immortalité. La cause de ce mal ? Le meurtre de Luna par un dénommé Casshern.
On suit les aventures de ce dernier que l’on retrouve amnésique et pourchassé par de nombreux robots car il est dit que le tuer permettrait d’être sauvé de la rouille.

Dépressif sauvage n’espérant pas grand chose, Casshern est pourtant quelque chose qui marche sans but et parvient constamment à se fourrer dans les pires ennuis possibles. Oui une chose, car jusqu’au bout on ne sait pas vraiment ce qu’est notre personnage principal. Bien qu’il en ait l’allure ce n’est pas un être humain, bien qu’il porte un costume moulant ce n’est pas un superhéros, bien qu’il sache parler il n’utilise sa voix que pour répondre et au final on peut finir par se demander ce qu’il a bien pu faire pour remporter le premier rôle ?

La série est organisé de sorte que chaque épisode représente un arc avec un problème ou un nouveau personnage. L’occasion pour notre héros de réfléchir sur la position à prendre alors que tout le monde cherche à le tuer. Hélas Casshern est agaçant, il n’est pas assez tourmenté pour comprendre comment se remettre en question mais suffisamment pour se laisser tourner en bourrique sur la majorité desépisodes par tous les robots qu’il croise sur sa route, il ne prend aucune décision et continue de se faire sauver par cette force terrible caché en lui qui tue instinctivement toute personne qui s’en prend à lui.

Mais cessons de râler car malgré les défauts, l’histoire en vaut la peine, oui.. bien qu’elle pourrait se résumer en quelques lignes. En effet, il ne suffira que d’un ou deux épisodes pour comprendre le schéma de la première partie. Elle pose les bases mais aussi des questions comme Qui est Casshern ? Pourquoi la mort de Luna entraine la fin de l’immortalité des robots ? Quel est ce monde ? Pourtant rares seront les questions qui obtiendront une réponse satisfaisante.Il faut attendre le 14e épisode pour voir la série changer de cap mais pas forcément pour notre plus grand bonheur.

On est donc forcé à suivre une histoire bourrée d’incohérences ou tous les robots qui bénéficient d’un rôle un peu plus important sont dessinés pour ressembler à des humains tandis que les autres ressemblent à des boites de conserve. On aperçoit des robots enfants amenés à grandir alors que les robots sont censés être immortels. Malgré tout la série pose des réflexions intéressantes, pas inédites mais qui nous occupent. Le rapport à la mort est particulièrement important et la série confronte ceux qui s’y laissent tomber et ceux qui décident d’imiter les humains, ceux qui cherchent à en profiter autant que possible pour tuer ou… pour vivre. C’est du moins ce que semble devoir apprendre Casshern à travers ses rencontres : faire la distinction entre exister indéfiniment et vivre une vie. Belle leçon quand on sait qu’il massacre les 3/4 du casting.

En parlant de casting ne loupons pas l’occasion de parler un tantinet des femmes. A croire que les scénaristes éprouvent une haine pour le genre féminin car aucune d’entre elles n’est supportable. S’il faut cependant les considérer comme tel vu qu’il n’y a plus d’humain. En passant par la fille joyeuse qui crie Casshern en permanence, la vengeresse qui s’attache au meurtrier de sa sœur, Luna l’assassinée du début qui s’avère être une emmerdeuse de première ou l’une des antagonistes qui rêve de pouvoir se reproduire comme une humaine. Les autres personnages masculins ne sont pas mieux mais Casshern concentre suffisamment de haine comme ça. Au final ceux qui retiendront votre intérêt seront les personnages éphémères qui finissent par mourir ou disparaitre plus ou moins par la faute de notre héros préféré.

Malgré ses défauts, Casshern Sins dépasse aisément les précédents opus. L’histoire y est plus réfléchi et tient en lui la volonté de mettre en scène proprement les tourments d’une espèce et de quelques uns de ses individus. Si on ne s’émerveillera devant le génie de l’intrigue on s’étonnera davantage devant les idées de réalisation pour traduire le contenu en images et en son.

Il faut dire que l’univers que Casshern est particulier. Principalement rocheux et monotone, le travail fourni dans les décors parvient à rendre chaque épisode unique en lui conférent une architecture à la fois simple et évocatrice du conflit que devra mener notre héros. L’apocalypse se lit pourtant sur chaque plan et chaque fois d’une manière remarquable. Pas de ciel bleu mais des fresques sombres qui font de magnifiques théâtres pour les batailles sans espoir de nos personnages principaux.  chara-design de Yoshihiko Umakoshi (Mushishi, Magical Doremi,..) et les décors sont à couper le souffle. Le tout contribue à donner une atmosphère unique à la série, un semblant d’apocalypse dans un environnement sans repères ou l’on se sent aussi perdu que les héros.

Le coup de maitre vient cependant d’ailleurs. Désormais reconnu, le character designer de Mushishi, Magical Doremi et plus récemment My Hero Academia, crée ici quelque chose d’unique, bizarre et accrocheur. Les personnages principaux rappellent le travail fourni de Yoshihiko Umakoshi sur la série Saint Seiya Omega mais de manière plus abouti. L’intensité du trait est constamment variée, n’hésitant pas à aller dans des gras fourni pour souligner un plan ou les émotions d’un personnage.

La série est un spectacle visuel dans lequel s’oppose de très longs moments de contemplation et des scènes de combat très bien chorégraphiées. Les couleurs s’accordent aux scènes, renforcent l’impression qu’on peut s’en faire de ce monde en perdition tout en mettant en valeur les protagonistes au milieu de ces champs de ruines.

Pourtant si l’on se souvient effectivement des scènes de combat notamment grâce à l’intervention de grands noms comme Norio Matsumoto (Naruto, Kaguya-hime, Kenshin) pour les rendre aussi mémorables que possible, difficile de penser autant de bien des nombreux plans fixes, des scènes de repos, de voyage et ces discussions continuant de tourner en rond.

La musique de Kaoru Wada, bien que discrète, possède quelques musiques sympathiques et colle relativement bien à la série au point de bloquer quelques airs en tête.

Malgré les critiques que j’ai pu lui faire Casshern reste un assez bon divertissement. Il relève le niveau de la franchise et est en lui-même une incitation de réflexion, ce qui ne peut jamais faire de mal. Je regrette cependant que cette incitation soit aussi pauvre sur toute une série quand celle-ci aurait pu être fait en beaucoup moins de temps. Le sentiment de vacuité prédominant dans Casshern n’est pas toujours mis en évidence par les maladresses du staff mais quand celui-ci capte votre attention, vous fera vous sentir terriblement mal, pour le meilleur comme pour le pire.

9 ans plus tard, Casshern Sins n’a pas vieilli d’une ride, toujours aussi belle, toujours une expérience à part et qui mérite tout de même un petit détour. Si ce n’est pas pour son histoire, Casshern est tout de même un rendez-vous à ne pas ignorer pour ceux qui s’intéresseraient à l’animation en général. En plus des personnes cités plutôt, Casshern Sins est le rassemblement de nombreuses autres personnes talentueuses et qui bien qu’imparfait, ont réussi à créer ici quelque chose d’unique.

Rassurez-vous ou non, ce n’est pas la dernière fois que vous entendez parler de Casshern sur Vaikarona. La prochaine fois je vous parlerai d’une autre oeuvre de la franchise et comme je l’ai déjà sous-entendu plutôt, du mauvais. A bientôt pour l’horreur qu’est l’adaptation live de 2004 tout simplement appelé Casshern.

Plus d’informations sur Casshern Sins :

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