5 Centimètres par seconde, la banalité sublimée

Article initialement publié le 20 Juillet 2016

Byôsoku 5 Centimeter ou 5 centimètres par seconde pour les fiers coqs que nous sommes, est un film d’animation divisé en trois parties, de vingt minutes chacune. Ces trois parties, nous dévoilent les deux protagonistes de cette histoire à des âges différents. Il est réalisé par le très estimé Makoto Shinkai, à qui l’on doit, pour ne citer qu’eux, The Garden of Words (2013) ou bien encore le très apprécié Voyage vers Agartha (2011). Bien sûr, tout ceci n’est qu’un faible aperçu de sa filmographie, que je vous invite à aller voir quand vous aurez du temps devant vous. Pour ma part, je n’ai vu que ces trois films. Je ne m’avancerais donc pas à critiquer ses autres œuvres. Bien, retournons à nos moutons. Tout d’abord 5 Centimètres par seconde ça raconte quoi ? Il est vrai que c’est une question à laquelle je me dois de répondre. Sinon, où irait le monde, je vous le demande ?

« Saviez‑vous que les pétales de cerisier tombaient à la vitesse de cinq centimètres par seconde ? C’est ce qu’a appris Takaki Tôno par son amie d’enfance, Akari Shinohara. Ces deux inséparables amis, qui étaient si proches, ont dû se quitter à la suite de la mutation des parents d’Akari. Six mois passent alors qu’ils ne se sont plus parlé, mais elle décide de reprendre contact. Après beaucoup de correspondances, Takaki apprend qu’il doit déménager à Kagoshima, mais avant cela, il veut absolument revoir son amie d’enfance… » – Animeka

Je sais ce que vous allez me dire : « C’est banal ». Et vous avez raison ! 5 Centimètres par seconde est avant tout une œuvre possédant un certain côté réaliste. Quoi de plus réaliste qu’une relation amoureuse brisée (ou pas d’ailleurs) par la distance ? Et bien à peu près tout ce que nous vivons chaque jour… Cela étant ! Cela ne rend pas cette œuvre inintéressante, loin de là.

Makoto Shinkai nous livre ici, un moyen-métrage d’environ une heure, qui nous transporte dans un autre monde ? Non, c’est bel et bien notre monde qui y est retranscrit. Il est tout simplement sublimé par l’artiste. Et toute son équipe, car n’oubliez jamais qu’une œuvre cinématographique, est toujours réalisée par une multitude de personnes, tous plus talentueux les uns que les autres. Seulement, il arrive que ces différents métiers, qu’occupent en général un staff complet, soit occupés par une seule et même personne. Et c’est le cas de Makoto Shinkai. En effet, notre cher réalisateur fût également sur ce film : producteur, chef-monteur, directeur photo et directeur artistique ! Pas mal comme C.V ! Alors ce film, (comme la plupart de ces œuvres), le petit Shinkai, il y tient.

En outre, le ton du film est tout de suite donné. Et ce, dès le premier plan…

Une feuille de cerisier tombe lentement, mais sûrement, dans une flaque d’eau. Tout ceci s’opère alors que la voix en hors-champ (voix off donc) d’Akiri, décrit cette action propre au printemps nippon. Elle apprend à Takaki, qu’une feuille de cerisier tombe à cinq centimètres par seconde. Quelle culture générale ! Le tout sublimé par des couleurs à tomber par terre. Vous ne me croyez pas ? Honte à vous :

C’est le début d’une immense peinture, qui durera une heure. Oui c’est le mot, de la peinture. On se retrouve avec une œuvre mêlant divinement bien dessins à la main et effets numériques dû à la post-production. Tel que le montage ou l’étalonnage du son, qui font parties de ces jouissances, auxquelles un cinéaste doit savoir faire face. Et le défi est relevé pour Makoto Shinkai. Le montage est ici soigné et méticuleusement retravaillé. Il nous laisse le temps d’apprécier chaque plan via un rythme assez lent, propre aux films contemplatifs. « Savoir savourer l’instant » en quelque sorte. C’est assez réussi dans l’ensemble. Certains noteront sûrement un manque de spontanéité à certains moments. Un ralentissement du rythme si vous préférez. Pour ma part, j’ai ressenti un « grand bouleversement dans la force », lors de certaines scènes, un peu trop étirées sur le temps. L’exemple qui me vient tout de suite en tête, est celui du premier voyage en train de Takaki, dans la première partie du film. C’est une situation, où le garçon (alors âgé de 13 ans), est en proie à la solitude et au doute. Le tout en se remémorant de tristes souvenirs :

Nous avons donc droit à une construction de plan, qui fait écho à la situation de Takaki. Le personnage est filmé en plongée, en marge de tout espace-temps. Il est comme figé dans une boucle sans fin. Sauf que :

Et oui, tu l’as dit bouffie. C’est très long. C’est sûrement le gros point faible de cette œuvre. En même temps, comment pouvons-nous blâmer une œuvre qui se veut réaliste ? Imaginez la même situation, en film « live ». Oui, quelle horreur. Quel studio de production voudrait d’un tel scénario ? Aucun. L’animation elle, le permet. Et c’est ce qui rend ce film pour le moins audacieux. C’est à double tranchant : Soit ça passe (tant mieux), soit ça casse (Makoto Shinkai : « MON ARGENT ! »). C’est donc, tout à l’honneur du spectateur, il est seul juge.

Côté personnage : Ils évoluent. Un peu comme des Pokémons (…Okay, j’arrête là). Non, plus sérieusement, ils sont humains. J’entends par-là, qu’ils pourraient-être vous et moi. Tout le monde peut vivre cette situation. Le manque d’un(e) ami(e), de l’être aimé. Bref, ces deux petits personnages « ont grandi ». Ils n’ont peut-être plus les mêmes goûts, les mêmes envies, le même « destin » si j’ose dire. Ils ont simplement mûri. Ont connu différents obstacles que la vie aime nous imposer. Car oui, « c’est la vie ». Ce sont les maîtres mots de cette histoire. Nos chemins se sont séparés, mais peu importe, nous pourrons nous retrouver… ou pas. La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Et ça, Makoto Shinkai aime nous le montrer, en attendrissant bien la chose. Bien ou mal, à vous de voir.

En sachant cela, quoi de mieux qu’une bonne bande son pour faire passer tout ça ? Et c’est le compositeur fétiche du réalisateur qui s’y colle : j’ai nommé Tenmon. De son vrai nom Atsushi Shirakawa, ce compositeur japonais, s’est déjà occupé d’autres œuvres de Makoto Shinkai. Comme Voyage pour Agartha ou encore La Tour au-delà des Nuages. Les OST, loin d’être extraordinaires, savent tout de même se faire une place quand l’intrigue le demande. Elles font leur boulot, sans plus. Bien qu’il est toujours agréable d’entendre un peu piano et de violon dans ses oreilles. C’est pour le moins, reposant, non ? Quant à la seule musique du film (avec paroles naturellement), qui intervient à la fin, de la troisième partie, elle se laisse écouter, sans être pour autant transcendante :

La succession de plans (enchainement rapide de petites scènes) qui la laisse apparaître est une réussite. Et puis, les paroles font échos à la situation de nos personnages principaux. Donc bon, ce n’est pas trop mal.

Non, à mon sens, c’est véritablement l’animation qui « sauve » ce navire chancelant du naufrage. Des dessins dignes d’une toile de toute beauté, devant laquelle nous nous évadons, le temps d’un instant qui nous paraît si court. C’est sublime, il faut le reconnaître. J’ai aimé me prendre cette claque visuelle en pleine face.

(Oui, c’est une supérette… Et alors ?! C’est beau !)

Si je devais conclure mon point de vue, je dirais simplement que Makoto Shinkai, nous offre ici, une œuvre qui traite d’un sujet affreusement banal sur des thématiques qu’on nous rabâche un peu trop souvent : l’amour, le manque, le désir et la complexité d’une relation à distance. C’est chiant mais ça marche ! Vous ne serez pas tous touché de la même manière mais, à mon sens, le réalisateur arrive à nous plonger dans une relation amoureuse crédible, sans fioritures. Le film a un plus grand intérêt encore à travers son autre thématique : le changement.

Le temps nous affecte sur bien des aspects : physiquement (notre voix change, nous grandissons, nous gagnons en force, notre corps entier change …), et sentimentalement (les sentiments évoluent, notre monde parait plus vaste, nos vécus s’accumulent…). Ce thème peut paraître facile à aborder sur le papier mais à l’écran c’est une autre histoire. Si par exemple Ano Hana représente assez bien cette problématique, la série reste plate comme une limande.

Avec sa bande son acceptable et son animation à tomber par terre (bien que le chara-design laisse à désirer), 5 Centimètres par Secondes est une œuvre d’exception, qui ne plaira certes pas à tout le monde, mais auquel je mets volontiers un 7/10.

Voilà, c’est tout pour moi ! J’espère que cette humble critique vous aura plu. Et n’hésitez pas à me donner votre avis, afin que je puisse m’améliorer !

A très bientôt j’espère !

Plus d’infos sur 5 Centimètres par seconde :

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