Contrefaçon n°2 : Les super-héros

Contrefaçon est une série d’articles sur le Japon concernant leur adaptation à la sauce nipponne de symboles qui sont traditionnellement rattachés à d’autres cultures.


Les super-héros sont partout dans notre univers de français. Ils nous ont accompagnés tout au long de notre vie. Moi c’était la série Batman des années 90 ou encore Spiderman sur TF1 puis, plus tard, Superman et la ligue des Justiciers.
Au cours de ces dernières années les super-héros américains ont tenté de percer le marché nippon. Quelles ont été leurs stratégies ? C’est ce que nous allons voir.

Si l’on prend les classements des box-office entre la France et le Japon, on se rend facilement compte du potentiel latent du marché japonais.
Voici quelques exemples :

Nous pouvons voir qu’à part des super-héros déjà implantés comme Spider-man ou le phénomène Avengers (je ne sais même pas s’il n’a pas été au top des classements chez les Papous..), le reste des films sans être des échecs commerciaux peine à sortir du lot. Et je ne vous parle ici que des films.
Bien conscient du potentiel japonais, Marvel et DC tentent de renverser la vapeur avec des partenariats entre leurs studios et de grosses entreprises japonaises. L’accord le plus représentatif est l’accord Marvel / Madhouse qui déboucha sur quelques séries au mieux dispensables et au pire « nanardesques » au possible.

Chemise blanc cassé et coupe mulet

Le cas le plus symptomatique fut pour moi Wolverine dans laquelle la série de Madhouse essaye de faire rentrer le mutant de Marvel au chausse-pied dans les clichés de la japanimation. Plus pathétique encore ces mêmes clichés sont encore charcutés pour vendre la série à l’international. Vous trouvez cela contradictoire ? C’est en effet une partie du problème mais ce n’est pas le seul…

Vous considérez le film Wolverine au Japon très moyen ? Retrouvez Logan rajeunit avec une magnifique coupe mulet s’offrant une croisade pour sauver son amour d’un mariage forcé par son père, puissant yakuza, avec un mec roi d’une île d’anciens pirates, devenue le repère des pires criminels. Rajoutez à cela une femme assassin qui ne sert à rien à part afficher un décolleté bien trop prononcé, des samouraïs, des robots, des expériences ratées aux pouvoirs nuls et ayant un point rouge clignotant pour marquer le lieu de leurs points faibles et vous aurez un sacré mal de crâne. Ne me dîtes pas merci, mon résumé par principe n’était pas exhaustif de toutes les bêtises de cette animé.

Le meilleur (ironie) c’est qu’il y a d’autres séries produites en interne par Madhouse de même qualité.
Notons toutefois que le film d’animation « Iron Man : l’attaque des Technovores » a plutôt bonne presse dans mon entourage néanmoins après avoir vu la série je n’ai pas eu la force de tenter l’expérience. Il n’en reste que Madhouse a crée des produits bâtards sans le moindre intérêt.

Dans le même genre zoomons sur les six courts-métrages Batman confiés à de prestigieux studios japonais d’animations afin de promouvoir le second film de Nolan sur l’homme chauve-souris.
Après visionnage j’ai trouvé l’ensemble sympathique avec des moyens et du très bon mais surtout un respect des origines du batou et des histoires cohérentes.
En cherchant un peu sur la création du projet je me suis rendu compte que les scripts avaient été écrits par des américains avant de revêtir un style japonisant. Le Japon n’a t-il donc aucun auteur de talent sachant traiter un héros torturé ?
Pourtant le Japon possède un vivier de talents qui ont déjà prouvé que c’était possible, j’en veux pour prendre des œuvres comme City Hunter ou Berserk. DC a donc choisi de les ignorer et de limiter l’implication des studios japonais à des coups de pub.
Afin de pas tomber dans la mauvaise foi, peut-être avaient-ils encore en mémoire le Spiderman nippon des années soixante-dix ou notre super-héros recevait ses pouvoirs d’un extra-terrestre et pilotait un robot géant. Le résultat n’étant pas vraiment probant.

Dans ces exemples les compétences japonaises ne sont pas utilisées ou servent de prétextes pour pénétrer un marché qui reste encore une exception dans la mondialisation.
Pourtant leurs compétences particulières sont à prendre en compte. Aux États-Unis, la très populaire série Marvel vs Capcom est l’exemple trop rare de l’utilisation d’une bonne expertise (ici dans les jeux de combats). Un jeu de versus entre super-héros c’est une évidence aujourd’hui, mais imaginez la complexité de l’équilibrage entre les différents protagonistes.

Atomique vs Robotique

La création des super-héros américains a connu deux temps. Les héros d’avant-guerre d’abord sont des réminiscences des dieux et héros de l’antiquité. Superman et Wonderwoman en sont les illustrations.
Après la seconde guerre mondiale et la guerre froide, les héros tirent leurs pouvoirs désormais d’expériences sur le génome ou d’expositions à des sources nucléaires ou assimilées. C’est le cas d’Iron Man, de Spiderman, des 4 Fantastiques ou encore d’Hulk pour rester chez Marvel. Hulk est d’ailleurs une bonne métaphore de l’arme atomique avec un pouvoir dangereux et difficilement contrôlable, qui peut s’avérer bénéfique. Dans les histoires plus récentes, il est incontrôlable et destructeur. Un peu l’inverse d’un Godzilla en somme.

A l’inverse au Japon, la robotique est très souvent la base des pouvoirs des super-héros d’après guerre quand ils ne sont pas eux même des robots ou androïdes, Astroboy pour citer l’exemple le plus connu.
Je vous invite à relire la critique sur le reboot/suite de Casserns de Poyjo pour illustrer mon propos.

Le Japon est sûrement le pays où le plus grand nombre de super-héros ont été crées , simplement nous ne leurs donnons pas ce nom. L’image des super-héros américains est tellement forte qu’elle obscurcit tout un pan de la création.
Il faut reprendre la définition du Larousse pour comprendre :

« Dans les comics, héros aux pouvoirs extraordinaires combattant des menaces contre lesquelles les forces de l’ordre traditionnelles restent impuissantes. »

Si l’on reprend cette définition Goku ou Sailor Moon ne sont-ils pas aussi des super-héros ?
Pour prendre des exemples récents je vous conseille :

  • One Punch Man
  • Tiger & Bunny
  • Viewtiful Joe

Les super-héros japonais et américains sont profondément attachés à leurs époques et par leurs histoires peuvent si vous souhaitez y plonger (et c’était le but de cet article) être des témoignages vraiment passionnant : si vous en doutiez encore, le Japon produit de piètres contrefaçons mais d’excellents originaux.

Merci à vous d’avoir lu cette chronique,
Merci à la belette cendrée pour la correction et merci à Poyjo pour me fournir un espace de liberté.

Je vous dis à bientôt. Des bisous.

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