Violet, tu m’embêtes. Pas la série, son héroïne. Bien des années que Violet se pavane comme la nouvelle égérie de Kyoto Animation. Elle est la figure de proue d’un studio qui s’est dépassé techniquement pour offrir le plus beau velours à des contes mélancoliques parés à faire chialer le premier venu. Violet accapare l’attention du casting, toute l’ambition de son auteur et tout mon agacement.
Entre 12 épisodes, 2 spéciaux et un 1 film, Violet Evergarden est l’occasion de lâcher de nombreuses larmes devant des intrigues avec un certain talent pour illustrer la douleur d’une galerie conséquente de vécus. Au centre de celles-ci, Violet occupe un pan considérable.
Il y a en effet matière à ne pas être indifférent par la splendeur de sa tenue, ses énigmatiques bras mécaniques, son attitude insondable et le cérémonial de présentation qui accompagne ses arrivées. Hélas, même en étant la plus somptueuse des apparitions, l’excès fait mal. Vous ne devez jamais douter une seule seconde de sa présence, sa beauté et son talent. Laissez-donc les clients et les collègues de Violet faire et répéter la description assidue de ses attraits à chaque épisode. En accomplissant sa tâche, elle prendra le soin d’écraser la rétine du patelin par sa superbe avant de délivrer son origin story qui emprunte plus au pathétique qu’à l’héroïque.
Que Violet soit une bombe monumentale n’est pas un problème. On pourrait souhaiter qu’elle soit un de ces rares humains qui a confiance en soi mais l’intrigue le démentirait facilement. L’ennui c’est que, couplé à son habitude à déballer sa vie, Violet prend beaucoup de place pour quelqu’un qui doit écouter ses clients. Combien de fois a-t-elle rappelé qu’elle se chagrine d’un amour perdu durant la guerre ? Qu’elle y a perdu ses mains ? Imaginez-vous un psychologue qui prendrait plus de temps à raconter sa vie qu’à entendre la votre ? La comparaison n’est pas saugrenu quand on voit les efforts de la série à montrer les vertus thérapeutiques d’une bonne communication et de mots bien placés dans les relations humaines. Alors ne peut-elle pas ranger son chagrin sur le côté et faire son travail ? Macron ne serait pas très content.
Connaissez-vous Ginko ? Le héros de Mushishi est un vagabond qui arpente les forêts pour démêler des situations impliquant des esprits nommés “Mushi”. Yuki Urushibara met merveilleusement en scène des rencontres ou Ginko sait s’effacer tranquillement au profit de contes touchants qui ont tout le temps de convaincre et transporter le spectateur. Au fil de l’histoire, notre attachement s’est solidifié pour Ginko et chaque micro-information qui se dévoile sur lui devient un trésor inestimable. Avec Violet on frôle l’overdose, tout ce que l’on sait d’elle est répété trop régulièrement.
Là tout de suite, me voyez-vous comme un machiste de compétition ? Je viens de dénigrer le travail d’une femme handicapée pour féliciter celui d’un homme blanc. Je suis désolé. Malheureusement je ne sais pas trop quoi dire pour sauver Violet. Je ne supporte même plus d’entendre sa doubleuse, Yui Ishikawa dans des rôles de fille taciturne (Atsumi Tanezaki est plus douée, oups).
J’avais hésité à publier cet article pour éviter d’être violent gratuitement et puis je me suis rappelé que je n’avais aucun respect pour les personnages de fiction qui écrivent chez eux en gardant leurs chaussures et leur habit d’extérieur. Surtout, à côté je n’arrive pas à manquer d’éloges sur la série en elle-même.
En dépit des tares de l’héroïne, la franchise reste formidable. C’est sans discussion l’une des plus belles productions ayant jamais vu le jour. Un bijou de réussite par Kyoto Animation qui a construit une contrée ou l’on sent toutes les étoffes, rites et habitudes d’un monde en proie au changement. Feu Mikiko Watanabe a qui l’on doit les décors de la série s’est surpassée comme jamais pour montrer la complexité et la densité d’informations qui ont été imaginé autour des aléas et voyages de Violet
De tous les récits celui de Violet est celui qui m’intéresse le moins mais c’est surtout parce que la série donne beaucoup mieux à voir. Il suffirait de nommer l’épisode 5 et 10 pour évoquer des souvenirs et des larmes à ceux qui ont vu la série. Des lettres d’amour entre royaumes, aux récits familiaux, les clients ont chacun des vécus amplement développés (en dépit de machingarden). Si je porte le point culminant de mon affection au 2e spécial “Eternité et la poupée de souvenirs automatique” c’est peut-être parce que Violet y apprend enfin à socialiser et faire preuve d’une palette d’émotions un peu plus variée que son marbre déprimant habituel.
Bref, je ne sais pas qui je convaincs de regarder cet anime avec cet article ? Tout ce que je retiens ce sont les belles musiques d’Evan Calls qui ont accompagné mon sexisme durant la rédaction de l’article.
Bref Violet la mauviette, pète, lâche du leste et cacahuète.
Liens
- Regarder la série sur Netflix
- Bases de données : Anilist / AnimeNewsNetwork / IMDB
- Journal du Japon – L’arme qui voulait devenir humaine
- Cinematraque – Adieux Epistolaires
- Courte Focale – La Mélancolie de Kyoto Animation
- Sakugabooru – Toward a New KyoAni : Haruka Fujita
- Nostroblogs – Retour sur les animes de l’hiver 2018
- Le Devorêve – Focus sur Violet Evergarden