Article initialement publié le 25 Novembre 2015
Kyoukai no Kanata ou Beyond the Boundary en anglais et tel que vous le trouverez chez Kaze et ADN est une série de 2013 produit par Kyoto Animation. C’est l’adaptation d’un light novel écrit par Nagomu TORII (première œuvre) et illustré par Tomoyo KAMOI (Animateur sur Hyouka, Nichijou, Suzumiya Haruhi…). Composée de 12 épisodes, la série a été suivi par quelques oavs et d’étranges choses comme une mini-série ou les héroïnes principales prennent le statut de “Chibi Angels” et jugent d’autres personnages de la série lors d’un procès. Enfin plus récemment 2 films, un récapitulatif et cherchant à dépasser la conclusion de la série.On compte également un préquel de 25 minutes et un curieux spot publicitaire. Finalement la série semble s’être terminée pas plus tard que cette année à l’occasion de deux films, un premier récapitulatif et un second concluant l’intrigue. Le tout réalisé par Ishidate Taichi.
C’est lors d’un concours organisé en interne par le studio que Kyoukai no Kanata a attiré l’attention et reçu son adaptation. Concours particulier car depuis sa création en 2009 il n’avait jamais eu aucun gagnant, seulement des mentions sur des séries qui ont reçu par la suite une série animée comme Chuunibyou demo Koi ga Shitai!, Free ou encore Tamako Market jusqu’à Violet Evergarden en 2014.
Si vous ne connaissiez pas Kyoto Animation, c’est le terrible studio qui a produit Hyouka, Suzumiya Haruhi et plus récemment Hibike Euphonium (disponible sur Crunchyroll). Un studio qui sait se démarquer des autres sur de nombreuses facettes aussi bien sur la qualité de son animation, son chara-design (qui fait son identité), ses histoires que sur sa structure elle-même. En effet il n’est pas courant pour un studio de produire ses propres séries, la coutume voulant qu’ils ne soient que des contractants pour les grandes maisons d’édition comme Kadokawa ou Kodensha au Japon. Si on voulait en rajouter un peu plus sur la particularité de KyoAni (comme on l’abrège habituellement) et être en raccord avec l’actualité, il faudrait parler des monstres qu’elle contient en son sein comme Ishihara Tatsuya (Storyboard sur Clannad, Air, Kanon,…) ou Naoko YAMADA, réalisatrice sur K-On, Hibike Euphonium, Tamako Love Story et de l’adaptation du manga A Silent Voice en film (cf. Silent Voice, KyoAni, Naoka YAMADA et une salle de cinéma).
Mais bref, cessons de nous perdre, j’aurais d’autres occasions pour discuter sur ce studio que j’aime tant. Si j’ai décidé de vous parler de Kyoukai no Kanata aujourd’hui c’est peut-être justement parce que ce n’est pas à mon avis l’une des plus grandes réussites du studio. Il y a 2 mois le bluray de la série est sorti en France et il y a peu celui des deux films est sorti au Japon. Pourtant j’ai tout de même un peu d’affection pour celui-ci et c’est l’occasion donc ici de faire réviser l’opinion de Gaeko, le fou derrière Hey World, What Happens. Mais pas entièrement car la série dont il est question dans cette chronique est loin de faire l’unanimité et je vais m’offrir le temps de regarder brièvement pourquoi.
Synopsis made in Vaikarona :
Kanbara Akihito, élève de 2e année fait la rencontre de Kuriyama Mirai sur le toit du lycée alors que cette dernière tente de l’assassiner. Problème, ce premier est immortel et se retrouve à devoir supporter les tentatives maladroites de cette chasseuse d’ombres, des monstres qui sévissent discrètement dans leur monde et qui font le gagne-pain des personnes de sa profession. Nous découvrons leur histoire ainsi que leur entourage alors qu’ils apprennent tous deux à connaitre leur passé respectif, qui a l’air d’être tout sauf joyeux.
On suit donc nos 2 protagonistes se rapprocher, apprendre à se connaitre tout en faisant face à leurs difficultés respectives. Le premier est immortel car il contient en lui une part d’ombre, la seconde est l’unique descendante d’un ancien et redouté clan. Dans leur entourage il y a Nase Mitsuki, une fille au caractère trempée et son frère Hiroomu qui ne cache pas son affection pour cette dernière. Les deux fréquentent le club de littérature et font en même temps parti d’une autre illustre famille de chasseurs d’ombres. Il semblerait que malgré leur complicité avec Kanbara, leur relation soit plus compliqué qu’en apparence. De l’autre côté Shindou Ai et sa mère tiennent un café qui s’occupent également de racheter les ombres oniriques et sont donc un point de passage pour les personnages de la série.
Toutes ces relations sont teintés d’un humour qui marche plutôt bien et qui au fil de l’histoire se découvrent une profondeur insoupçonnée.
J’ai souvent du mal à apprécier les séries à 12 épisodes, préférant souvent les intrigues plus longues et plus complexes laissant plus de place à la construction d’un univers cohérent et permettant de s’attacher davantage aux personnages. Kyoukai no Kanata s’en sort cependant relativement bien avec une histoire assez simple et des archétypes assez aisées à suivre. On pourrait accoler des mots comme fétichiste, maladroite, sadique et masochiste au casting principal et l’on aurait déjà un bon aperçu des personnages qui vont nous accompagner durant notre visionnage. Rien de bien affolant ou novateur mais c’est assez plaisant à regarder. On peut faire le même constat pour l’histoire, c’est un scénario avec un affreux air de déjà-vu qui reprend de nombreux codes existants mais qui marche tout de même bien. C’est donc bien loin de ce que j’apprécie le plus mais en faisant aussi simple et en reprenant une structure narrative déjà bien connue, Kyoukai no Kanata évite les nombreux écueils d’une série courte qui en fait trop. L’anime se permet même de consacrer tout un épisode hors sujet référence aux idoles et c’est étrangement celui que je garde le plus en tête quand je pense à la série.
On pourrait m’accuser de défendre les faiblesses de la série mais ce n’est pas comme si le manque d’originalité était une nouveauté dans la japanimation. Au contraire c’est même fort de pouvoir intéresser et réussir à plaire tout en étant si peu original : je ne compte plus le nombre de séries qui se sont cassés la gueule à cet exercice. Alors bien sur ce n’est pas exempt de faiblesses mais ne lui enlevons pas cette qualité : il y a d’autres endroits ou frapper.
Kyoukai no Kanata arrive à un moment ou les séries rassemblant fanservice, magie & surnaturel, héros surpuissant et cadre lycéen se multiplient comme aucun autre genre. S’il y en a de très bons comme The Irregular at Magic High School qui poussent à son paroxysme l’idée d’un héros invincible, la plupart se ressemblent comme deux gouttes d’eaux (cf. Asterix Wars, The Testament of Sister,…) et le pire semble à venir quand on apprend que la prochaine série de Kyoani (Musaigen no Phantom World) surfera toujours sur cette même vague. C’est navrant et c’est en même temps assez symptomatique de ces maisons d’édition qui prennent de moins en moins de risques et usent jusqu’à la moelle ce qui a marché à un moment donné.
Le problème c’est que Kyoukai No Kanata n’est pas imposé par une maison d’édition, c’est l’unique responsabilité de Kyoani qui l’a choisi lors d’un concours interne. Alors certes ils ont fait mieux que la plupart des studios qui se sont frottés au genre et on en attendait pas moins mais c’est justement agaçant de ne pas avoir eu une histoire un tantinet plus originale.
En fait s’il y a bien une raison pour laquelle j’attendais cette série au moment de sa diffusion c’était la promesse de voir des scènes d’actions animées par Kyoto Animation. Depuis sa première série Full Metal Panic Fumoffu et The Second Raid, le studio n’avait plus fait de séries portées délibérément sur l’action et le résultat est saisissant. Chaque scène est un régal à dévorer aussi bien les mimiques et la gestuelle des personnages que l’animation des pouvoirs et des explosions. Les décors regorgent de couleur et détails rarement laissés au hasard. Il serait ainsi aisé de poser Kyoukai no Kanata sur un podium des séries les mieux animées de ces dernières années.
Il reste les ombres qui sont tantôt fascinants, tantôt effrayants et même si l’on approfondit jamais le sujet on a rapidement conscience du danger qu’elles représentent dans la manière dont elles sont illustrés ; paradoxalement de l’intérêt qu’elles représentent devant la beauté des pierres qu’elles laissent à leur mort.
Pour le chara-design c’est Miku Kadowaki qui avait jusqu’alors officié chez Kyoto Animation en tant qu’animateur et que l’on retrouve aussi sur celui d’Amagi Brillant Park ; reprenant celui qui a fait l’identité du studio, il met davantage l’accent sur les formes de ses demoiselles au service d’un fanservice plus présent qu’ordinaire chez le studio mais jamais vulgaire.
Pour l’OST nous avons une composition discrète mais réussie de Masumi Ito (connue aussi sous le nom d’Hikaru Nanase) qui avait déjà officié sur Infinite Stratos, Ichigo 100% ou encore Canaan. L’opening de la série est interprété par Minori Chihara (Nagato dans les séries Suzumiya Haruhi ou à l’OP de Suisei no Gargantia,..) qui double aussi Nase Mitsuki dans la série. Quant à l’ending, c’est Stereo Dive Foundation que l’on a entendu plus récemment sur l’opening de Gangsta. Les deux sont bien et ont le mérite de pouvoir s’écouter en boucle sans problème.
Avec une série, 2 films, un prequel et plus encore, il y a de quoi faire avec Kyoukai No Kanata. Si je ne suis pas entré dans les détails il y a pourtant de quoi dire sur tout le récit que ce soit en bien ou en mauvais. On peut apprécier l’humour assez bien maitrisée qui jalonne la série, les relations particulières qui unissent les personnages principaux, le charisme de la grande sœur Nase qui gouverne sur les chasseurs d’ombre des environs, la montée en puissance des ombres. A l’inverse on peut vomir sur l’antagoniste, personnage répugnant et récurrent qui n’existe que pour être vil et agaçant, les quelques retournements de situation bidon, la fin abrupte et des caractères pas toujours évident à supporter.
Si j’affectionne assez la série, j’ai un avis beaucoup plus sévère sur les deux films qui me semblent vraiment de trop. Pour faire bref et sans spoiler, celui-ci gâche cruellement quelques idées sympathiques et une tension formidable entre les deux protagonistes avec un déroulement classique et le retour de trop de l’antagoniste de la série. Certains personnages perdent en charisme au profit d’autres plus négligeables et moins intéressants.
Quant au préquel il est bien sans plus, il s’intéresse à la rencontre de Kanbara avec les frères et sœurs de la famille Nase mais ne vous apprendra rien si ce n’est quelques subtilités. La petite série Idol Saiban est drôle mais.. c’est tout.
Bref. Kyoukai No Kanata s’apprécie davantage en tant que perle visuelle que pour son scénario. S’il y a des chances que vous soyez déçu par ce dernier il n’est cependant pas à jeter et quelques idées restent bien trouvées. Vous ne perdrez certainement pas votre temps en le regardant : si vous avez déjà vu des séries avec un scénario similaire vous découvrirez simplement une version alternative plus agréable pour la rétine et des personnages plutôt attachants ; sinon jetez vous-y, vous passerez un bon moment.
Plus d’informations sur Kyoukai no Kanata :
- Fiche Icotaku
- Fiche MyAnimeList
- Fiche de l’éditeur : Kaze
&s commentaires
Je suis plutôt surpris de ton opinion sur les films. Je n’ai pas vu le premier, donc je ne saurais pas en juger, mais j’ai trouvé le second proprement époustouflant. Il partait assez mal compte tenu de la fin de la série, mais il réussit à en tirer un scénario très convaincant, tout en proposant encore une fois des scènes d’action magnifiques (celle-ci notamment : https://sakugabooru.com/post/show/17878). Pourtant, à la base je n’ai pas été particulièrement emballé par la série, même si comme toi j’ai retenu l’épisode avec la chorégraphie (ne serait-ce que pour le travail d’animation). Mais en fait, plus le temps passe, plus je trouve que c’est dans ses films que Kyoani est au sommet de son art.
Je ne me suis pas étalé sur les films durant l’article mais je trouve toujours le scénario assez agaçant. Après l’erreur que j’ai aussi fait c’est de dévorer l’anime et le film en moins de 3 jours lors d’un rematage. Une bonne chose.. Sauf pour l’antagoniste que je trouve rapidement insupportable. Pareil pour le traitement de l’amnésie de Kuriyama, on a fait mieux ailleurs et ici ça peine à servir autrement que comme outil à rebondissements.
Par contre oui, visuellement c’est vrai que ca vise très haut. Je me rappelle de la première partie du film qui pose des plans très melancholiques sur le couple principal, une ambiance froide et chaleureuse et pleins de moments assez amusants. Pareil pour les combats, la scène que tu montres était chouette et y en avait une autre un peu plus tard qui m’avait pas mal plu.
Le 1er film est un recap très mal monté. Je l’ai regardé avec des amis qui n’avaient pas vu la série et j’ai été obligé de faire pause toutes les 30 secondes pour leur expliquer ce qu’il se passait.
En tout cas j’ai aussi hâte de voir les autres films de KyoAni ou la prochaine série Violet Evergarden qui, à ce qu’il paraît, a été produite comme un ensemble de films. Merci pour ton commentaire :).
J’ai aussi regardé la série pour enchainer sur le film quelques jours après. Comme j’étais encore bien imprégné de l’histoire, ça a sûrement joué sur mon appréciation du film.
Comme tu le soulignes en revanche, j’ai l’impression que les films récap sont la bête noire de KyoAni. Je me rappelle avoir vu celui de Chûnibyô et, même en ayant déjà regardé la série, le storyboard m’a paru extrêmement bancal. Cela dit, le film restait appréciable malgré tout.
J’ai fait pareil, le film Chunibyo m’a assez déçu mais pourtant j’ai encore de l’espoir pour Hibike Euphonium dont j’espère pouvoir voir un jour les films. En particulier le 1er dont le doublage a été refait par rapport à la série. J’ai l’impression que le passage au format cinéma rendrait bien, surtout que KyoAni en a fait une pièce maitresse parmi ses productions et a du en prendre soin. Mais je me perds. Je trouverai une autre occasion de parler d’Euphonium. Bref :).