Comment apprécier le dessin de l’Attaque des Titans ?

Il est coutumier de considérer le succès de l’Attaque des Titans comme celui de son adaptation animée. Comme d’autres, l’animation est une porte d’entrée pour acquérir de nouveaux lecteurs, on pense aux grands mastodontes comme One Piece, Dragon Ball ou Naruto ou au récent Demon Slayer dont l’explosion du chiffre de ventes a fait parler. Ce qui fait l’originalité de la discussion ici c’est la lenteur de l’adaptation et la prétendue laideur du manga qui font râler outre mesure.

On entend parler régulièrement de proportions peu respectées, d’expressions figées, de l’action peu clair, des décors dessinées à la règle ou encore du côté brouillon et gras du trait. L’anime aurait ainsi transformé l’œuvre d’origine en magnifiant tous les aspects du manga. C’est devenu un défi à contrecœur de rattraper le manga en attendant la suite de la diffusion animée qui ne sait que se faire attendre. Il y aurait donc un masochisme inhérent à la lecture de l’Attaque des Titans. Pour mettre à jour une histoire fantastique, saisir la moelle de la série, les plus valeureux doivent sacrifier leur vue, se condamner à souffrir et lutter.

Il est sans doute un peu tard pour écrire sur l’Attaque des Titans mais mais ce n’est pas un constat inédit. On entend à peu près la même chose sur One Punch Man et même sur le fameux Demon Slayer. Ce qui est intéressant de remarquer, c’est à quel point ce dégoût est devenu socialement acceptable pour l’opposer à l’appréciation de l’adaptation animée alors qu’il ne semble être motivé que par de petits à priori. Ceux qui lisent le manga le comprennent sûrement. Après quelques pages, il y a une beauté inhérente aux pages d’Hajime Isayama qui saute aux yeux.

Rendons donc hommage à Marchefeu (qui n’est pas mort) et faisons un top pour montrer à quel point ce constat est faux et potentiellement fou.

Le Top de l’amour

6. Y a de quoi faire

L’Attaque des Titans est un manga mensuel fait de chapitres de 40 à 60 pages quand la moyenne est à 30. Mieux encore celui-ci est dense, l’auteur sait composer ses pages pour alterner entre spectacles et pages riches en détails. On est loin d’un Bleach qui se lit en 30 secondes ou d’un One Piece presque littéraire par moment.

5. Anime is bullshit

Évitez d’attendre l’adaptation animée comme une arlésienne alors que l’état de la production ne semble pas inspirer confiance. La saison finale prévue en fin d’année risque au mieux d’être repoussé mais ne devrait pas contenir le tiers du talent qui composait les saisons précédentes.

4. Vous êtes en danger

Si vous ne regardez que l’anime, il y a de bonnes chances que quelqu’un dans votre entourage se joue de vous en permanence. Peu importe le succès de l’anime, le manga est une bête monstrueuse. Ne vous laissez pas avoir par ce faux ami qui fait parti des lecteurs. Il aura raison de vous si vous continuez à fermer les yeux. Lire le manga c’est voir le trait de l’auteur se bonifier avec le temps, comprendre à quel point l’anime fait seulement du plan par plan par moment. C’est ressentir l’effervescence avec la sortie des nouveaux chapitres.

3. Les bouche bée sont sexy

Un reproche régulier quant au dessin c’est la faible palette d’expression des personnages. Énervés, choqués, agacés, tristes, entubés, fusillés : tous les personnages font la bouche bée pour exprimer leurs émotions. Apprenez cependant à connaitre. De la même manière qu’un chat peut vous paraitre incompréhensible, il y a un miracle qui s’accomplit avec le temps qui passe. Vous serez capables de discerner bouche bée A et bouche bée B.

2. 0/20 en perspective et en bâtiment

Non. Isayama n’a pas travaillé dans le bâtiment et c’est dommage pour lui car ses premières esquisses ressemblent à des dessins d’art plastique au collège. On n’oubliera pas de signaler l’absence de perspectives cohérentes : les fameux titans se déplacent dans les décors en faisant fi des règles élémentaires de la physique.

C’est aussi ce qui les rend si effrayants. Faire paraitre leur corps comme des choses incohérentes contribue à les rendre affligeants, dégoutants et perturbants. L’auteur sait quel propos son dessin sert et l’accorde chaque fois qu’il cherche à dégager une émotion.

1. On se moque de tout cela

Si tant de gens ont adhéré un jour à l’Attaque des Titans c’est parce qu’il n’y a là que des défauts de surface aussi impertinent qu’un mauvais choix de police sur la 4e de couverture. Mieux encore, l’Attaque des Titans a un sens de la composition et sait jouer du suspense pour rythmer ses arcs et chapitres. Chaque personnage est reconnaissable, dotée d’une personnalité identifiable et bon à soutenir l’histoire globale. Des charpentes aux murs des différents districts, nos yeux se perdent dans une foule de détails qui ne sont pas à la portée de n’importe quel dessinateur. On apprécie les uniformes, les habits et les coutumes d’époque. A l’inverse l’absence d’érotisme, de référence ou de clins d’œils mal placés contribuent à donner raison au monde l’Attaque des Titans d’exister.

Ce n’est pas bien difficile de dépasser l’appréhension des premières pages et de se laisser envouter. Abandonnez l’idée de travailler ensuite, donnez-vous tous les mots les plus chelous du monde, “binge-reading”, “cocooning lecture” et perdez-vous à jamais.

Sources

Bibliographie

A propos de l’œuvre

Images tirées de Izneo et Google Images 🤔

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